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le monde lunaire

trains hardis qu’on voyait fendre l’air avec rapidité et dont un faible bruissement signalait seul le passage.

Ce système de transports servait aux besoins généraux et industriels ; mais, pour les communications particulières ou les déplacements individuels, il existait d’autres moyens d’un usage commode et facile.

Dans cette atmosphère saturée d’électricité, où dominait l’ozone, c’est-à-dire l’oxygène électrisé, il y avait là un réservoir inépuisable de forces naturelles que la science très avancée des habitants de la Lune avait pliées à tous leurs usages.

C’était un jeu pour eux, avec le moteur léger et puissant dont ils disposaient, de construire des appareils qui, plus lourds que l’air, et prenant leur point d’appui dans le milieu ambiant, pouvaient se diriger avec sûreté dans l’atmosphère et franchir sans encombre et avec rapidité des distances considérables.

Un ingénieux système de parachutes qui, sous un petit volume, offraient une large surface de résistance et se déployaient automatiquement, prévenait les accidents, toujours à craindre, même avec les engins les plus perfectionnés, et assurait à ce genre de transports une sécurité complète. Après de longs tâtonnements, les physiciens lunaires avaient reconnu que le mode de propulsion le plus simple et le plus pratique était celui de l’hélice auquel, sur la Terre, on n’est arrivé que si tard.

Les oiseaux fatiguaient leur vol à suivre ces nefs légères qu’une seule personne suffisait à diriger et à maintenir dans la direction voulue.

C’était le fluide électrique lui aussi qui mettait en mouvement les embarcations de toutes sortes qui flottaient à la surface de la mer intérieure, remontaient le cours des fleuves ou même, plongeant sous les eaux, allaient explorer les couches profondes de ces mers inconnues.

Tout, dans ce monde si différent de la Terre, respirait le calme et la paix de l’âme ; tous, affranchis des besoins matériels, semblaient n’avoir d’autre souci que de développer leur intelligence ou de s’abandonner aux sentiments du cœur les plus tendres et les plus élevés. La sérénité de leurs traits, la franchise de leur regard,