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un monde inconnu

travaux, les habitants de la Lune auraient vécu complètement étrangers à ce qui se passait dans le monde sidéral et comme enfermés dans les ténèbres d’une éternelle prison.

De ce centre de recherches scientifiques parlaient incessamment des bulletins signalant, à mesure qu’ils se produisaient, tous les phénomènes célestes, et entretenant ainsi chez ces êtres si intelligents et qui savaient que la fin du monde qu’ils habitaient était fatalement marquée dans un espace de temps que l’on pouvait déjà calculer, le désir d’entrer en relations avec l’humanité la plus voisine.

Rugel et ses trois compagnons furent accueillis à leur arrivée avec la plus bienveillante cordialité. Bien qu’ils n’eussent jamais pénétré dans cette région lointaine, Marcel, Jacques et lord Rodilan étaient suffisamment connus. Ils retrouvèrent là quelques-uns des personnages éminents avec lesquels ils s’étaient déjà entretenus dans la capitale ; tous du reste étaient déjà au courant de leurs travaux. La salle où ils avaient été reçus était vaste et presque entièrement tapissée de cartes sidérales du travail le plus fini et de l’exactitude la plus parfaite. Mais Marcel remarqua qu’il ne s’y trouvait aucun instrument propre aux observations astronomiques.

« Eh bien ! mais, fit-il en s’adressant à Rugel, où donc est votre observatoire ? Ce n’est pas d’ici que vous pouvez contempler le ciel !

— Patience, ami, répondit Rugel, nous y arrivons. »

L’un des savants qui l’entouraient fit un signe : au fond de la salle s’ouvrit une large porte donnant accès à une sorte de couloir éclairé électriquement.

« Suivez-moi, » dit Rugel.

Ce couloir aboutissait à une petite pièce de forme circulaire élégamment meublée de sièges et de divans. Un fanal électrique disposé dans le plafond l’éclairait d’une lumière douce et égale, et, sauf la porte par laquelle ils étaient entrés, on n’y remarquait aucune trace d’ouverture.

« Asseyez-vous un instant, dit leur guide et vous ne tarderez pas à être satisfaits. »