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un monde inconnu

l’observateur étant obligé de se déplacer en même temps que la lunette. Mais ils avaient trouvé dans les lunettes coudées le moyen qu’ils cherchaient, et ce ne fut pas l’un des moindres étonnements de Marcel de constater que ces sortes d’appareils d’optique, auxquels les astronomes terrestres avaient été conduits par le seul désir de rendre les observations plus commodes et par suite plus précises, étaient justement ceux auxquels avaient dû recourir leurs confréres de la Lune en raison des conditions toutes spéciales où ils se trouvaient.

On connaît ce genre de lunettes imaginées par l’un des plus ingénieux et des plus savants astronomes[1] de l’Observatoire de Paris.

Le corps de l’instrument est formé de deux parties cylindriques montées à angle droit : l’une, celle qui porte l’oculaire, est paralléle à l’axe du monde ; l’autre, celle qui est munie de l’objectif, est parallèle à l’équateur. À cet objectif est adaptée une sorte de boîte rectangulaire renfermant un miroir en verre argenté incliné à 45° et pouvant tourner sur lui-même de façon à se placer en face de tous les points du ciel au-dessus de l’horizon,

L’image d’un astre quelconque, réfléchie par ce miroir et réfractée par l’objectif, vient rencontrer un second miroir également incliné à 45° et disposé au point où les deux parties de l’instrument forment un coude. Ce miroir à son tour réfléchit l’image ainsi reçue et l’envoie jusqu’à l’oculaire, qui n’est lui-même qu’un microscope de fort grossissement. Et c’est cette image ainsi amplifiée qu’examine l’œil de l’observateur.

C’est sur ce principe qu’étaient fondées les lunettes dont se servaient les astronomes lunaires, avec cette particularité que le tube porteur de l’oculaire qui faisait saillie à l’intérieur de la salle d’observation, y pénétrait par une ouverture cylindrique qu’il fermait hermétiquement tout en pouvant pivoter sur lui-même avec le corps tout entier de l’instrument.

Quant à la lunette elle-même, qui se trouvait ainsi presque complètement à l’extérieur, elle reposait, par l’extrémité de son

  1. M. Lœwy.