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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/307

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en algérie

frappé ceux qui jusque-là avaient été les plus incrédules. On se disait que, pour que ce monarque à l’esprit si éclairé se fut ainsi décidé sans hésiter, il fallait que Mathieu-Rollère lui eût fourni des renseignements bien précis, des preuves bien décisives. Et une sorte de revirement commençait à s’opérer dans l’opinion publique. On était revenu sur la question des communications possibles avec le satellite de la Terre, et le problème ne paraissait plus insoluble. Les théories soutenant que certaines parties de la Lune pouvaient être habitables, revenaient en faveur ; on rappelait ces apparitions de points lumineux que certains observateurs prétendaient avoir constatées à des époques différentes sur le disque lunaire ; et on se disait qu’après tout, dans ce domaine astronomique, l’expérience avait fréquemment démenti les assertions qui semblaient les mieux établies, et apporté à la science des révélations insoupçonnées.

Cette agitation des esprits avait franchi les limites étroites de l’Institut et des sociétés savantes. Les journaux spéciaux s’étaient emparés du problème et l’examinaient sous toutes ses faces. À leur suite, les grands organes de publicité avaient cru devoir en entretenir leurs lecteurs et, avec la fièvre de reportage et le besoin d’informations rapides qui caractérisent notre époque, on était allé très vite et très loin dans cette voie.

On avait voulu s’assurer d’abord du départ des trois voyageurs que Mathieu-Rollère affirmait avoir atteint la surface de notre satellite. Des reporters intelligents étaient allés jusqu’en Floride, avaient vu de leurs yeux la Columbiad, interrogé les gens du pays, magistrats ou simples particuliers, et fait connaître au monde entier qu’un second départ de l’obus fondu par le Gun-Club avait eu lieu réellement le 15 décembre 188..

De tous côtés arrivaient les preuves confirmant cet événement extraordinaire.

À Baltimore, on avait retrouvé le procès-verbal de vente qui rendait lord Rodilan acquéreur de la Columbiad et de tous ses accessoires.

À l’observatoire de Long’s Peak, sir W. Burnett, interwievé à maintes reprises, avait raconté la vie de Marcel dans ces parages, la trouvaille du boulet mystérieux, et confirmé la réalilé de l’appa-