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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/325

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la lune répond

région jusqu’alors à peu près déserte. En même temps, beaucoup de savants, désireux de voir confirmer leurs hypothèses ou démentir les théories contraires, beaucoup d’oisifs avides de sensations nouvelles ou de spectacles inconnus, affluaient autour de l’observatoire de Long’s Peak.

Déjà des sommes considérables avaient été offertes à l’honorable Burnett pour acheter de lui le droit de mettre l’œil au télescope et de recueillir les prochains signaux, car personne ne doutait maintenant qu’on ne dit, à la prochaine phase favorable de la Lune, être témoin de quelque manifestation décisive.

Le directeur de l’observatoire s’était montré inflexible.

« Je veux être le premier, avait-il répondu, à recevoir le message des trois voyageurs ; mais, au fur et à mesure qu’apparaîtront les signaux, je les transmettrai au poste télégraphique de Denver où tout le monde en pourra prendre connaissance. »

Force avait été aux curieux de se contenter de cette réponse, et la plupart des grands journaux des deux continents avaient envoyé à Denver des reporters chargés de les informer sans retard du grand événement que le monde entier attendait avec impatience.

Le jour si ardemment attendu arriva enfin : c’était le 18 mai qui devait rester fameux dans les annales de la science.

Comme tous les envoyés des journaux et tous les curieux se pressaient aux abords du poste télégraphique, et que, dans l’empressement général, des désordres menaçaient de se produire, l’autorité publique avait jugé à propos d’intervenir. Il avait été décidé que tous les reporters qui auraient fourni la justification de leur qualité, se réuniraient en une sorte de congrès et choisiraient l’un d’eux, chargé de se tenir auprès de l’appareil récepteur, pour recueillir et transmettre à tous ses collègues les communications de Long’s Peak.

Le choix des intéressés avait désigné le représentant du Figaro, le journal français le plus répandu et qui avait déjà défendu avec ardeur la cause de Mathieu-Rollère.

Il était onze heures vingt-trois minutes du soir au méridien de Long’s Peak, lorsque retentint tout à coup la sonnerie de l’ap-