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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/326

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un monde inconnu

pareil. Toutes les poitrines étaient haletantes, tous les visages tendus. Penché sur le ruban où s’imprimaient les caractères typographiques, le représentant du Figaro lut d’une voix tremblante d’émotion :

« Observatoire de Long’s Peak. — Je lis distinctement mot suivant sur disque lunaire : « Merci »

« Continuerai transmission si autres mots apparaissent. »

Un cri d’enthousiasme retentit.

On se félicitait ; ce simple mot c’était la réponse au salut envoyé de la Terre. Les voyageurs l’avaient reçu et l’avaient compris ; ils avaient, dans un délai si court, trouvé le moyen de se mettre en communication avec la Terre d’une façon plus complète et plus rapide qu’on aurait osé l’espérer, puisqu’ils pouvaient, d’un seul coup, transmettre non plus des lettres isolées, mais des mots entiers. Sûrement ils n’allaient pas s’en tenir là.

Dix minutes s’étaient à peine écoulées que la sonnerie se faisait entendre de nouveau.

Et sur le ruban télégraphique apparurent les mots : « M. J. R. vivants. »

On ne s’était donc pas trompé ; c’étaient bien les trois hardis voyageurs qui, du fond de l’espace, parlaient à leurs amis et voulaient tout d’abord les rassurer sur leur sort.

Le même jour, à quelques heures d’intervalle, une animation semblable régnait dans le voisinage de Biskra. Là aussi on attendait une manifestation nouvelle : les communications régulières de l’honorable W. Burnett avaient entretenu Mathieu-Rollère et ses compagnons dans une absolue confiance.

Aussi, dans ce coin perdu de l’Afrique, lorsqu’arriva le premier télégramme envoyé de Long’s Peak, l’astronome et l’ingénieur Dumesnil se sentirent l’âme inondée d’une joie profonde. Qu’importaient, en présence du magnifique résultat obtenu, les épreuves subies, les difficultés surmontées si péniblement, tant de luttes et tant de sacrifices ? Ils avaient eu raison contre l’envie et l’ignorance. Grâce à eux, une ère féconde s’ouvrait pour l’humanité ; la science allait voir se découvrir devant elle des horizons jusqu’alors inconnus. Et l’impérial bienfaiteur, dont