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Page:Sélènes Pierre un monde inconnu 1896.djvu/327

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la lune répond

l’intelligence avait compris tout ce qu’il y avait de grand dans leur idée, qui en avait rendu la réalisation possible, partageait leur ivresse.

Aux premiers mots transmis par W. Burnett, l’âme du vieux savant s’était épanouie. Les trois amis, — il en avait maintenant la certitude, — étaient vivants, et il voyait se confirmer, contrairement à ses funèbres prévisions, l’indomptable espérance qui n’avait jamais cessé de vivre au cœur de sa fille. Hélène était auprès de lui et ils confondaient leurs larmes de bonheur.

Mais les communications qui suivirent donnérent bientot à ses idées une autre direction.

Sur l’écran sombre du disque de la Lune, le télescope des Montagnes Rocheuses avait lu distinctement ces mots qui plongèrent tous les assistants dans une stupéfaction profonde et qui semblaient de nature à renverser les théories scientifiques jusqu’alors les mieux établies :

« Surface Lune inhabitable. — Intérieur habité. — Humanité lunaire heureuse entrer en relations avec Terre. »

Quelles perspectives nouvelles faisaient se dérouler devant leurs yeux ces révélations inattendues !

Si la première partie du message confirmait ce que la science avait déjà constaté depuis longtemps au sujet de la surface du satellite, comment s’expliquer cette présence de la vie au sein même d’une masse compacte ? Que pouvait être cette humanité vivant dans des conditions que l’imagination la plus audacieuse avait peine à concevoir ?

À en juger par le caractère scientifique des moyens employés pour communiquer avec la Terre, on pouvait penser que l’humanité qui vivait là était parvenue à un haut degré de développement intellectuel. D’un autre côté, les signes perçus avaient été faits à la surface. Comment cela se pouvait-il, s’il était impossible d’y vivre ?

Autant de questions mystérieuses qui demeuraient sans réponse ; et, dans la tête du vieil astronome, les idées se pressaient et tourbillonnaient dans une inexprimable confusion.