Page:Sénèque - Œuvres complètes, Tome 3, édition Rozoir, 1832.djvu/7

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sion (xi-xiv). Plus loin, mettant ensemble et l’injure et l’outrage, il va jusqu’à dire qu’un sage recevrait-il un soufflet, perdrait-il un œil au milieu des insultes d’une multitude ameutée contre lui, ne saurait encore être atteint par de tels excès. Épicure avait dit que le sage peut supporter les injures ; Sénèque va plus loin : selon lui, le sage ne peut en recevoir (xv). Qu’on ne dise pas qu’une telle insensibilité n’est point dans la nature. Nous ne prétendons point que les coups, que la perte d’un membre, ne soient pas accompagnés du sentiment de la douleur ; mais le sage ne leur donne point le nom d’injure, qui ne peut être admis sans blesser la vertu. Dans les maux qui l’atteignent, il doit être semblable au gladiateur qui, blessé, se tourne avec grâce vers le peuple. Au surplus, la plupart des injures et des affronts ne sont rien pour celui qui estime les choses à leur juste valeur. Des railleries sur vos défauts corporels peuvent-elles vous affecter ? doit-on s’irriter de s’entendre reprocher ce qui saute aux yeux de tout le monde ? Il est même d’un homme d’esprit d’aller au devant de ces fades railleries : vous ôtez par là aux autres le moyen de vous plaisanter. Au surplus, celui qui se plait à insulter finit par rencontrer quelqu'un qui vous venge de lui. Vient ici l’exemple de Caligula, qui périt sous les coups des courtisans qu’il avait plaisantés (xvi-xviii). Sénèque termine par une exhortation au sage sur la manière dont il doit supporter les injures.

Rien ne fixe positivement la date de ce traité : on y voit seulement qu’il fut écrit après la mort de Caligula. Comme il est adressé à Annæus Sererus, ainsi que le traité qui précède (de la Tranquillité de l'âme), on croit généralement qu’il appartient à la même époque.

Traducteurs français de ce traité : Chalvet, Du Ryer, Lagrange.

C. D.