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A LUCILIUS. — XCIV.

nous nous tourmentons ; et après tout, que nous sert d’éviter quelque temps, ce qu’il nous est impossible d’éviter ?


XCIV
de l'utilité des préceptes. de l'ambition.

Cette application spéciale de la philosophie, qui donne à chacun, selon son état, les préceptes convenables, et qui, sans s’occuper de former l’homme en général, enseigne au mari comment il doit se conduire envers sa femme ; au père, comment il doit élever ses enfants ; au maître, comment il doit gouverner ses esclaves, a été seule admise par certains philosophes ; les autres branches de la philosophie, ils les ont rejetées comme s’écartant de la sphère de ce qui nous est utile : or, serait-il possible dérégler une partie de la vie sans en avoir embrassé d’abord l’ensemble ? Mais, d’autre part, le stoïcien Ariston regarde cette application spéciale de la philosophie comme ayant trop peu de poids pour pouvoir pénétrer jusqu’au fond du cœur. Même pour cette philosophie de préceptes spéciaux, il.voit une grande utilité dans les principes généraux de la philosophie, et dans ce qui constitue l’ensemble du souverain bien. Ces principes, quiconque les a une fois bien appris et retenus, est en état de se prescrire à lui-même comment il doit agir dans chaque circonstance de la vie. Celui qui apprend à tirer de l’arc s’impose un but déterminé, et se