Page:Sénèque - De la vie heureuse.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


des hommes ; puis de la guerre je suis revenu à la paix, s’il est une paix possible entre les méchants, et je n’ai pu encore rentrer en grâce avec moi-même. Je me suis consumé en efforts pour me tirer des rangs du vulgaire, pour me signaler par quelque mérite : qu’ai-je obtenu, que de m’exposer aux traits de la malveillance, que d’indiquer où l’on me pouvait mordre ? » Ces hommes que tu vois préconiser l’éloquence, courtiser la fortune, adorer le crédit, exalter le pouvoir, sont tous des ennemis, ou, ce qui revient au même, peuvent le devenir. Tout ce grand nombre d’admirateurs n’est qu’un grand nombre d’envieux.

Pourquoi ne pas chercher plutôt un bien qui profite, qui se sente, non un bien de parade ? Ces choses qui font spectacle, qui arrêtent la foule, que l’on se montre avec ébahissement, brillantes à l’extérieur, ne sont au fond que misères.


III. Je veux un bonheur qui ne soit pas pour les yeux ; je le veux substantiel, partout identique à lui-même, et que la partie la plus cachée en soit la plus belle ; voilà le trésor à exhumer. Il n’est pas loin : on peut le trouver : il ne faut que savoir où porter la main. Mais nous passons à côté, comme