Page:Sénèque - De la vie heureuse.djvu/30

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prendra ses éléments : car il n’a pas d’autre point d’appui pour faire effort ou prendre son élan vers le vrai, puis se replier sur lui-même. Le monde aussi, qui embrasse tout, et ce Dieu qui régit l’univers, malgré leur tendance vers le dehors, rentrent néanmoins de toutes parts dans le grand tout et en eux-mêmes. Qu’ainsi fasse l’esprit humain : lorsque, en suivant les sens dont il dispose, il se sera porté par eux à l’extérieur, qu’il soit maître d’eux et de lui-même. C’est seulement à cette condition que sera réalisée l’unité d’une force et d’une puissance toujours d’accord avec elle-même, une raison mûre, sans contradiction ni hésitation dans les opinions, les compréhensions et l’assentiment. Quand elle a mis cet ordre, ce plein accord entre toutes ses parties ; quand elle s’est, pour ainsi dire, harmonisée, le souverain bien est conquis. Il ne reste plus de fausse voie, de passage où l’on glisse, où l’on se heurte, où l’on chancelle. Tout se fait par sa libre autorité, rien n’arrive contre son attente ; chacun de ses actes tourne à bien et s’exécute avec cette facilité prompte et cette allure qui ne tergiversent jamais. La lenteur, l’incertitude, trahissent la lutte et l’in-