Page:Sénèque - De la vie heureuse.djvu/74

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qui haïssez et la vertu et son adorateur, vous ne faites là rien d’étrange ; car les vues malades redoutent le soleil, et le grand jour est antipathique aux animaux nocturnes : éblouis de ses premiers rayons, ils regagnent de tous côtés leurs retraites et fuient dans d’obscures crevasses cette lumière qui les effraye. Gémissez, exercez votre langue maudite à outrager les bons ; acharnez-vous, mordez tous à la fois : vos dents se briseront sur eux bien avant qu’elles ne s’y impriment. « Pourquoi cet amant de la philosophie mène-t-il une existence si opulente ? Il dit qu’il faut mépriser l’or, et il en possède ; qu’il faut mépriser la vie, et il reste avec les vivants ; la santé, et pourtant il soigne la sienne, il la préfère excellente. L’exil est un vain mot, selon lui ; il s’écrie : Quel mal y a-t-il à changer de pays ? et pourtant, s’il le peut, il vieillira dans sa patrie. Il prononce qu’une existence plus ou moins longue est indifférente ; toutefois, tant que rien ne l’en empêche, il prolonge la sienne, et, dans une vieillesse avancée, il conserve en paix sa verdeur. » Il dit, en effet, qu’on doit mépriser tous ces avantages ;