Page:Sénèque - De la vie heureuse.djvu/78

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s’abattre ; dans l’autre la tempérance, la libéralité, l’esprit d’ordre, l’économie, la magnificence, ont un champ vaste et libre. Le sage ne se méprisera pas s’il est d’une taille exiguë, et pourtant il préférera une grande taille ; avec un corps chétif et privé d’un œil, il aura toute sa force, et pourtant il préférera une constitution robuste. Il saura qu’il a en lui-même un principe de vigueur supérieur à tous ces avantages ; cependant il supportera les infirmités, et souhaitera la santé. Car il est des choses qui, tout en étant d’une valeur insignifiante par rapport à la perfection de l’être, de telle sorte qu’elles se laissent enlever sans entraîner la ruine du souverain bien, ajoutent cependant à cette joie perpétuelle qui naît de la vertu. Les richesses sont au sage ce qu’est au navigateur un bon vent qui l’égaye et facilite sa course ; ce qu’est un beau jour, et, par un temps brumeux et froid, une plage que réchauffe le soleil. Et quel sage de notre école, où la vertu est le seul bien, ne reconnaîtra pas que ces choses mêmes que nous appelons indifférentes ont en elles un cer-