Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/530

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haine personnelle de notre chaste héros : on y reconnaît la violence des doctrines antiques. La femme, disait Hippocrate, est perverse par nature, et incapable de bien ; Salomon la déclarait « plus amère que la mort. » Caton la poursuivait de ses invectives, et Metellus dit un jour, et très-sérieusement, en plein sénat, qu’il serait à souhaiter qu’on n’en eût pas besoin pour la propagation de l’espèce. On peut croire encore que Sénèque est inspiré ici par son époque, où les femmes valaient bien peu sans doute ; mais les hommes valaient-ils davantage ?

Page 361. Les fières Amazones se soumettent aussi à la puissance de Vénus.

Vous-même où seriez-vous, vous qui la combattez,
Si toujours Antiope, à ses lois opposée,
D’une pudique ardeur n’eut brûlé pour Thésée ?
(Racine, Phèdre, acte i, sc. 1.)

C’est votre Hippolyte lui-même qui vous tient dans ses bras. Nous n’approuvons point ce mensonge de la nourrice ; il nous semble indécent, et de nature à n’être pas supporté sur notre scène.

Page 363. Les mots, prêts à sortir, s’arrêtent sur mes lèvres. Le lecteur qui voudra comparer la déclaration de Phèdre dans Sénèque, avec celle de la pièce de Racine, y trouvera la démonstration de ce que nous avons dit plus haut, que Racine n’est Grec ou Romain qu’en la forme, et que l’esprit de ses tragédies est à vingt siècles de distance de celles des pièces d’Euripide et de Sénèque.

Page 365. Appelez-moi votre sœur, cher Hippolyte. Phèdre parle ici comme Byblis à son frère Caunus, dont elle est amoureuse, et à qui elle veut faire oublier le lien qui les unit :

Jam dominum adpellat, jam nomina sanguinis odit ;
Byblida jam mavult quam se vocet ille sororem.
(Ovid., Metam., lib. ix, v. 465.)

Page 367. Je veux tenir auprès de vous la place de mon père. Cette parole pourrait échapper à tout le monde dans la position d’Hippolyte ; mais le poète ne devait point la lui mettre dans la bouche, à cause de l’équivoque et du double sens qu’une femme,