Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/348

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fortement. Le devin a bien déclaré qu’Œdipe est le coupable, mais c’est une assertion sans preuve contre laquelle Œdipe se récrie justement. Il soupçonne un concert entre Tirésias et Créon, pour lui ravir sa couronne et de là na ! t un incident nouveau, plein de vraisemblance, qui anime la scène, et retarde le dénoûment. Sénèque paraît n’avoir pas compris la portée de cette querelle entre Œdipe d’un côté, Créon et Tirésias de l’autre. Dans sa pièce, la dispute d’Œdipe et de son beau-frère ne se lie pas aussi intimement à l’action, qui marche ainsi lourdement, et, selon son habitude, épisodiquement. C’est une attente pénible et prolongée, qui n’est pas soutenue, comme elle devrait l’être, par ce qui fait la vie du drame les incidens.

Page 35. Fais brûler sur l’autel un pur encens. Il nous paraît que les expressions employées ici par l’auteur sont sacramentelles. Struere dono &yM aras ou altaria se retrouve dans Virgile, Én., liv. v, v. 54.

Au moins a-t-elle été pure et brillante ? Outre les présages tirés des entrailles des victimes et du vol des oiseaux, les anciens avaient encore d’autres sortes de divination ; la nécromancie, ou évocation des morts ; la pyromancie, ou divination par le feu ; la capnomancie ou divination par la fumée. Comme on le voit ici, la capnomancie consistait à observer de quelle manière et à quelle hauteur s’élevait la fumée, dans quelle direction elle était chassée par le vent, etc. Pour la pyromancie, lorsque les flammes s’attachaient d’elles-mêmes à la chair des victimes, lorsque, réunies en un seul faisceau, elles s’élancaient pures et sans fumée, on pouvait espérer du sacrifice un heureux résultat ; si le feu ne s’allumait qu’avec peine, si les flammes se divisaient ou ne s’attachaient pas sur-le-champ à la victime, si leur direction n’était pas perpendiculaire, si leur pétillement était violent et la fumée noire et épaisse, le sacrifice était regardé comme défavorable et rejeté par la colère des dieux. Robinson, Antiquités grecques. — Voyez aussi Thyeste, acte iv, v. 765 et suiv. ; et Valerius Flaccus, Argonautes, liv. viii, v. 247.

Mais voici maintenant qui se partage. Ces signes sont déjà effrayans par eux mêmes, dans les règles de la pyromancie ; mais, de plus, ici la séparation des flammes et des cendres annonce