Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Commandeur a pris ma main, celle de sa nièce, les a jointes ; enfin que vous dirai-je ? il nous a fait embrasser. Est-ce un rêve ? me suis-je écrié, et j’ai embrassé et la mère, et le Commandeur, et le père à dix reprises. Des larmes qui n’étaient point amères, je crois, ont coulé sur les joues de la Comtesse ; est-il possible que tout ce que je vous dis soit vrai !… est-il possible que tant de bonheur se soutienne ! que dis-je, qu’il augmente encore !… non, ma cousine, je ne puis suffire à ce que j’éprouve. Quelque malheur affreux viendra détruire cet enchantement ; je suis ivre de joie en vous écrivant, et tout à coup une secrète terreur me saisit, de noirs pressentimens affligent mon esprit. Que pourrait-il m’arriver !… l’oncle, la mère, le père, la Comtesse conspirent en ma