Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 4.djvu/65

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fureurs de ses agens ; je ne crains point la mort, c’est-à-dire de cesser d’être, mais je redoute infiniment la douleur. Il est évident, que menacé fortement d’une fin douloureuse, après avoir vécu sain et heureux, aussi long-temps que le comporte la nature humaine, la raison me dictait de mettre un terme à ma vie, et de me rendre maître de mes derniers momens pour en écarter les horreurs dont les aurait environné la barbarie révolutionnaire ; c’était abandonner un vase qui ne contenait plus que la lie d’une liqueur enchanteresse ; ce n’était que diminuer de quelques mois une carrière qui n’offrait plus que des craintes et des troubles, et qu’est-ce que ce peu de temps de plus à vivre, comparé aux souffrances et à l’humiliation de la captivité, à une mort violente, soufferte et donnée de