Aller au contenu

Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Hébreux restent toujours séparés. Une même force morale

175 [185]

conserve | les antiques [S 1] sectateurs de Djemschid
dispersés dans les contrées musulmanes. Il résulte de cette
opposition de mœurs, de culte, de lois et d’opinions une
répugnance invincible à se mêler avec des peuples parmi
lesquels on craint de s’altérer et de se confondre ; ceux-

180

ci s’opposent également à cette union par leurs préventions
et leurs haines. On conserve sa forme première,
parce que l’on auroit horreur d’en changer, et aussi parce
que l’on n’en sauroit adopter aucune autre. On conserve
ses mœurs et parce qu’on les aime et parce qu’elles sont

185

odieuses au reste du monde.
Celui dont la cité est semblable aux autres cités n’a pas
de patrie. S’il la trouve par-tout, elle n’est proprement
nulle part. Il lui est égal de vivre ailleurs s’il y peut vivre

[186]

de même. | Alors il ne peut être bon citoyen que par

190

devoir ; mais c’est le besoin et non le devoir qui conduit
les hommes. Il raisonnera son patriotisme, mais le patriotisme
ne se raisonne pas. Il sera retenu peut-être par ses


  1. Zeréthoschtrô, (vrai nom zend, suivant Anquetil, que
    d’Herbelot et Boulanger écrivent Zerdascht, et que nous nommons
    Zoroastre d’après les Grecs,) paroît n’avoir pas assez essentiellement
    changé la loi de Djemschid, pour que l’on ne puisse regarder
    5
    le Magisme comme la continuation du Sabianisme, D’ailleurs
    il reste à cette première loi des sectateurs plus directs que les
    Parsis, on les nomme encore Zabiens vers le golfe Persique. Voy.
    Bibliot. orient. d’Herbelot, Antiquité dévoilée, Hist. Vet. Pers.
    Hyde, le Zend-Avesta d’Anquetil, etc.

    son peuple de tous les autres peuples – 183. l’on ne sauroit en adopter aucune autre sans une transition subite, sans un consentement exprès. On conserve – 186. C insère les l. 206-7 au début de l’alinéa. – 186-92. cités ne peut point sentir qu’il ait une patrie : s’il croit la retrouver partout, elle n est réellement nulle part ; il lui sera indifférent de vivre ailleurs, il y pourra vivre de même. Si alors il aime son pays, ce n’est que par amour du devoir : mais ce patriotisme raisonné ne sera jamais une vertu de la multitude.