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Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/186

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directe de ce principe actif sur l’indifférent donnera nos
mouvemens spontanés. La faculté du principe actif
de modifier cette action, sera la liberté ; et le mode de

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cette | action sera la volonté qui détermine les suites, les

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effets de la liberté.
Quoique la pensée soit le mouvement propre du
principe actif, comme le principe inférieur qui est uni à celui-
ci communique à lui et influe sur lui, ses dispositions
peuvent aussi beaucoup sur la pensée, et celle-ci dépend

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de nos sensations en cela qu’elles en sont l’occasion. Par
une suite encore de cette union, le principe qui produit
la pensée doit avoir besoin d’une disposition analogue
des organes ; ensorte que la pensée, quoique libre par son
essence, parce qu’elle est l’action propre du principe actif

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seul, est néanmoins dépendante en ce que ce principe uni
à l’autre principe, peut être troublé, abattu, excité ou
altéré par celui-ci.
C’est cette disposition nécessaire de la matière inerte
qui rend surtout raison de ce que la pensée, encore

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informe dans l’enfance, s’affoiblit dans la maladie, est
souvent suspendue dans le sommeil, et s’éteint dans la
vieillesse.
Quoiqu’une action particulière et positive du principe
inférieur sur le principe actif vienne à cesser, ou que

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même d’autres impressions succèdent à celle-là, cette
sensation première peut cependant amener à sa suite une

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pensée | ou un enchaînement de mille pensées, et l’esprit
est ainsi mu indirectement par les organes. Dans un
autre moment, quelque rapport entre la disposition

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présente des organes et cette disposition passée produira des
souvenirs, ou des sentimens inopinés.
Quand l’action respective des deux principes devient plus
forte, plus compliquée, plus active, la pensée s’étend et