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Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/223

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les détails, d’économie domestique, même d’épargne et de
lésinerie. De grands esprits peuvent aussi descendre à
cette économie privée, à cette recherche du mieux

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possible, qui dans les petites choses n’est souvent pas un
avantage réel ; mais comme ils ne donneront d’importance
à ces détails qu’à cause de leurs rapports visibles
ou supposés avec les objets qui en ont véritablement, ils
ne tomberont pas dans la dépendance minutieuse où ces

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considérations entraînent les petits esprits ; car ceux-ci se
livrent tout entiers à l’ordre particulier et aux avantages
que cherchent la prévoyance servile et l’égoïsme ; mais
les autres n’aiment l’ordre circonscrit que par son analogie
avec l’ordre général. Cependant trop de privation des

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grandes conceptions, et trop d’habitude des petits intérêts
pourront les borner enfin tout entiers dans ce cercle

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étroit | ou vil ; car lorsque nos affections ne sont pas
entraînées par les grandes choses, il faut qu’elles s’attachent aux
petites, et que le cœur trouve quelque part un mobile

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auquel il se livre. C’est cette cause qui met tant de
différences entre les affections des hommes : nous naissons
tous avec des penchans à peu près semblables, mais nos
fortunes sont si variées, et notre dépendance si grande,
qu’il n’est pas deux d’entre nous qui vivent dans des

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circonstances absolument les mêmes, et que nul ne peut
éviter leur influence. Il est même bon qu’elles nous
entraînent ainsi ; leur nécessité est la loi primitive de
l’homme. L’ame étroite lui obéit par foiblesse, et l’ame


    en résulte l’esprit – 193. Des esprits généreux peuvent – 197. qu’en y trouvant des rapports – 200. les esprits étroits. Ceux-ci – 203. par analogie – 204. Cependant une longue absence des – 205. et une longue habitude – 206-7. enfin dans ce cercle vulgaire ; lorsque – 211. entre les vues des – 213-4. sont variées – dépendance est grande ; il – 215-6. et nul ne peut en éviter l’influence – 216-7. bon que les événemens nous entraînent : cette nécessité – 217-8. primitive ; l’ame – 219-21. la suit