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Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/224

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sage par choix. Il faut vouloir les événemens tels qu’ils

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sont, hors dans les choses générales et dans celles qui
sont du devoir. Voilà la raison première des lois. Il ne
faut pas que la société, même la plus simple, soit livrée
aux perpétuelles variations de chaque homme et de chaque
chose ; il ne faut pas non plus que l’on délibère sans

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cesse, soit parce qu’alors il n’y auroit pas d’ensemble,
soit parce que si même tous pouvoient être toujours
réunis pour former une volonté générale, elle seroit

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encore mobile, et de plus, contraire à elle-même, | puisque
la vie doit être employée à agir et non à résoudre ;

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puisque toute action demande une sorte de continuité, et
tout travail une durée qui le mène à son but. Il a donc
fallu statuer une fois ce que l’on fera toujours, et décider
en un tems marqué, ce que l’on fera pendant un tems
plus long. Pour que la société soit bien ordonnée, pour

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que l’abandon s’accorde avec la prudence, et l’indépendance
de chacun avec la soumission à la volonté de tous,
il est donc nécessaire que la prudence des vieillards,
l’énergie des ames fortes, et toute la sagesse de ceux qui
font du cœur humain une étude véritable et profonde,

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préparent et déterminent le concours de toutes les volontés,
et que leur résultat, une fois fixé dans un tems précis,
soit ensuite constamment suivi : il est donc nécessaire


    par choix. *Il ne – 222. la société, fût-elle simple, – 223-4. aux variations individuelles de la volonté présente. Il ne – 225-7. cesse. Si même la réunion de tous pour – 227-31. générale, étoit toujours possible, cette volonté seroit encore mauvaise ; elle le seroit par sa mobilité ; elle le seroit surtout parce qu’elle seroit contraire à elle-même ; l’objet de la volonté est d’agir, et cependant la vie se passeroit à résoudre. Voilà la raison première des lois. Toute action demande une continuité, tout – 231. le conduise au but – 232-4. l’on ferait constamment ensuite. Pour que – 235-6. que la sécurité s’accorde – et que l’indépendance de chacun soit conservée dans la soumission – 237. est nécessaire que la réflexion des – 238. et la sagesse – 239-240. véritable, préparent – 240. des volontés, – 241-2. ce résultat une fois fixé, soit ensuite maintenu invaria-