Aller au contenu

Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
que tous les moyens que l’homme a reçu de résoudre
sagement et librement, soient réunis pour la confection

245

de la loi, afin qu’ensuite nul n’ayant nulle raison, nul
droit, et même nul prétexte de la blâmer, de l’enfreindre,
de l’éluder, tous obéissent heureusement à l’ordre de
choses qu’elle a préparé. Dans un état bien institué, la
foiblesse vulgaire, l’indifférence philosophique, la vertu des

250 [267]

grandes ames, | l’intérêt des ames viles, la prudence de
celui qui raisonne ses actions, les penchans de celui qui
ne voit que le moment actuel, la fière raison qui juge les
principes eux-mêmes, et la servile habitude qui vénère
tout ce qu’elle trouve établi enfin tout ce qui conduit les

255

hommes, tout ce qui peut produire leur docilité, leur
attachement ou leur révolte, en un mot tous les ressorts
de la morale et de la politique, composent la perfection
de la machine, et maintiennent sa durée. Il n’y a plus de
cité si la loi n’est pas par-tout obéie ; il n’y a pas de liberté

260

si cette obéissance combat notre volonté suivie, moins
encore si elle révolte notre raison ; il faut donc que les
institutions soient telles que la raison puisse s’abandonner
à leurs suites naturelles, et que l’intérêt individuel aime
à s’y abandonner.

265

Le génie est l’esprit d’étendue, d’ordre, de profondeur
et de force. Chaque art, chaque science, toute chose
humaine a son génie. L’une demande plus de subtilité,
l’autre plus d’étendue, plus de finesse, ou plus de fierté,
une marche prudente ou une attitude mâle. Mais le vrai,

270

le premier génie, le génie philosophique, celui de l’instituteur

[268]

des peuples, | renferme l’étendue pour connoître


    blement. Il est nécessaire – 243-4. de délibérer sagement et de résoudre librement – pour l’établissement – 246. droit, nul – 246-7. enfreindre ou de – 247. tous se conforment heureusement – préparé.