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Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/253

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plus sévère voit avec effrqi le moment inévitable où tout
sera artifice et calcul, où l’on sera blasé sur tout, indifférent

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à tout, et dévoré d’une agitation qui n’aura plus même
d’illusions pour objet.
Et si ces foibles traits échappent à la ruine des tems,
les générations éloignées, instruites par les faits dont nous
hâtons pour elles la leçon désastreuse, apprendront qu’il

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est des vérités profondes que l’on a pu pressentir même | au
sein de toute la séduction sociale qui les dissimuloit.
Peuples libres de l’Helvétie, montagnards encore
simples ; vous surtout heureux pasteurs, familles nomades
des antiques vallées ! c’est à vous que je m’adresse, c’est

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de vous que je voudrois être entendu ; de vous à qui la
félicité naturelle est encore accessible ; de vous que nos
arts vont séduire, mais qui pourriez vous arrêter si vous
jugiez, loin des illusions, notre expérience sinistre et
méconnue.

 


    ment obscurcie ? Non mais je soutiens que ces tems ne sont
    venus que de l’opposition entre les lumières factices de quelques-
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    uns et l’ignorance publique. Ils ont suivi, bien plus que précédé,
    des tems de recherche et de mollesse. En Amérique même, c’est
    dans le puissant empire de Montezume que l’on trouva le
    cimetière des sacrifices. Tous nos maux viennent de nos passions
    extensibles, aucuns des limites naturelles de nos perceptions.