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Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/255

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impressions reçues, ont le sentiment du moi, de la succession
d’impulsions, ou assemblage de plusieurs traces présentement
conservées d’impressions successives dans leur principe. Le sentiment

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de cette continuité devenu habituel, a produit le rêve de
l’immortalité : la durée future de cette continuité étant nécessairement
indéfinie dans notre imagination. L’individu ne sentant
qu’en lui, doit d’abord juger plus grands les objets placés près

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de | lui, et lui-même plus grand que tout autre être ; et c’est la

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source première de toutes nos chimères sur l’importance et la durée
de notre être. Nous pouvons estimer les relations particulières
des choses dans leurs rapports avec notre individu ; cette seule
connoissance est utile, elle seule peut être certaine ; mais nous
manquons de données pour l’estimation, d’ailleurs inutile, des

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différences et des rapports généraux ; et quant aux essences, elles
ne peuvent être connues de nulle intelligence. Si la nature entière
nous étoit connue, cette connoissance absolue des choses nous
seroit inutile ; car tout est nécessaire. Il n’existe qu’une vérité
absolue ; mais les vérités relatives sont les modérateurs de la

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vie.
Notre volonté n’est point une cause première et libre, mais un
effet nécessaire de causes antérieures. Comment la volonté paroît
libre ; comment la volonté forte paroît conduire aux succès et
comment la confiance s’accorde avec la prospérité et l’annonce

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même en quelque sorte.

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SOMMAIRE
DE LA SECONDE RÊVERIE

De l’être et de la nature. De l’être simple ; de l’être composé ;
de l’être organisé. Des divers moyens de conservation des

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composés plus ou moins organisés.
De la faculté sensitive dans la particule élémentaire et dans
l’être composé. Des sensations, des traces conservées et comparées.
De la continuité de sensations. Tout desir n’est primitivement
que le sentiment d’un besoin, et tout besoin particulier

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n’est qu’une modification du besoin général d’être conservé.
De l’enchaînement de toutes choses passives et actives, causes
et effets, mues et motrices.