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Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/257

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Pourquoi les effets premiers et moyens de ces deux progressions
influent davantage sur nous que les effets extrêmes.

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Des impressions ineffables du printemps. Des cœurs | trop
sensibles qu’il consume, et des cœurs flétris qu’il ne peut plus faire
jouir.

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De l’automne, de ses jours abrégés, de son ciel calmé, de sa
paix mélancolique. Comme elle convient à l’homme simple, à
l’homme sage, à l’homme sensible et détrompé, aux cœurs vieillis
avant le tems.
L’hiver attache aux arts par le prétexte des besoins ; mais le

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facile été inspire le regret de la simplicité naturelle. Pouvoir de
ces regrets ; pouvoir de ceux que réveilloient les accens du R. des
V. dans le cœur des montagnards.
Des impressions faciles et profondes que tout produit sur
l’homme sensible. De la vraie sensibilité, de ses perpétuelles

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agitations, de ses foiblesses et de sa dépendance. Dans quels hommes
elle conduit à l’ennui de la vie.
Du malheur de l’homme à la fois sensible et détrompé. De
l’opposition pénible qui règne en lui. De ses besoins sans objet.
Comment l’inanimé même nourrit ses douleurs et l’entretient de

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ses regrets.

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SOMMAIRE
DE LA QUATRIÈME RÊVERIE

Nos affections sont déterminées plus encore par les dispositions
particulières de nos organes que par l’impression actuellement

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reçue du dehors. Le plus vrai de nos biens est cette harmonie
générale de tout notre être, qui fait la santé parfaite. La vie n’est
qu’une sorte d’oscillation qui nous fait passer et repasser en
quelque sorte ce point harmonique en deux sens différens. Cette
oscillation retenue dans ses bornes est la santé, le bien-être ;

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lorsqu’elle nous emporte trop loin, c’est la douleur, les maladies, la
destruction. Le sentiment de cette harmonie nous donne ces
momens délicieux et inexprimables, où, dans quelque situation
extérieure que nous nous trouvions, nous ne pouvons éprouver
que des sentimens heureux, et rencontrer que des occasions de

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jouissances ; ces momens de paix et d’énergie, où, libre et indif-