Cette page n’a pas encore été corrigée
[323]
SOMMAIRE
DE LA HUITIÈME RÊVERIE
- Moments d’une température heureuse qui, au sein des frimats,
- vers le solstice d’hiver, semblent participer de la douceur de
5
- l’automne et du renouvellement du printemps. De la Violette, des
- lieux qu’elle aime et des hommes qu’elle intéresse. Vallon
- solitaire.
- Quand le cœur s’ouvre aux passions, il s’ouvre à l’ennui de la
- vie. Comment l’homme est devenu malheureux par ses desirs
10
- mêmes. Agitation sans objet fixe, besoin d’une passion plus
- déterminée ; effet de ce besoin sur une ame forte. Contradiction entre
- les grands projets du génie et sa destinée mortelle. La nécessité
- entraîne seule l’univers. Abandonner cette prolongation
- d’existence qui est impossible et contradictoire, et user de la vie rapide,
15
- sans vouloir étendre vainement son être, mais sans souffrir qu’il
- soit comprimé. S’élever aux vues générales, aux conceptions
- indépendantes.
[324]
- Vie de l’homme. Vanité et incertitude de ses causes, de sa
- destination, de ses biens, de ses vertus. Vanité de tout son être
20
- considéré dans le système des moralistes. Animé par le seul intérêt
- personnel, soutenu par la seule illusion, il n’est réellement
- entraîné que par le cours mécanique de l’univers.
- Ce n’est point dans l’histoire de quelques générations que l’on
- peut lire ce qui convient vraiment à l’homme ; il faudroit plutôt
25
- consulter ce qui est resté dans nous à la nature.
- Il faut des sensations profondes aux hommes organisés pour
- sentir profondément ; ils sont fréquemment réduits à l’état de
- suspension et d’apathie. Nous souffrons nécessairement, nous ne
- sommes point selon notre nature, lorsqu’il y a opposition entre
- consulter ce qui est resté dans nous à la nature.
30
- les objets du dehors et notre situation intérieure. Dans des lieux
- sauvages le solitaire trouve des moteurs dans les objets inanimés.
- Les pins renversés, le vent des montagnes, la feuille détachée d’un
- hêtre, le roc miné par l’effort séculaire des frimats, de la végétation
- et des ondes ; le silence ou le mouvement, la vie ou les
35
- ruines, tout l’entraîne et le modifie ; il n’existe plus individuellement
- et isolé ; mais il participe de la situation et des altérations
- de tout ce qui l’entoure.