Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/28

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certitude. L’espace vide qu’ils laissent entre eux, est celui
des rapports métaphysiques ; c’est la région de l’idéal.
Près du centre, l’on ne sauroit s’égarer long-tems ; serré

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de | toutes parts entre ces routes certaines, l’on est aussitôt

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ramené à leur foyer commun ; mais quand l’homme excite
en lui cette force de projection que la nature lui a imprimée
pour en faire un être actif, et méprise la force contraire
qui le ramenoit au centre par une opposition dont
devoit résulter le mouvement harmonique d’un être organisé ;

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quand il s’abandonne avec passion à une tendance
factice, alors, l’espace vague entre les routes directes,
devenant d’autant plus étendu qu’il s’avance d’avantage,
il s’ouvre d’innombrables sentiers de déviation, et une
fois perdu dans les déserts de l’erreur, il y consume le

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plus souvent sa vie entière, avant de rencontrer une de
ces traces primitives, qui seules ramènent à la vérité dont,
comme les rayons solaires, elles divergent dans leur émanation.