Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

[19]

RÊVERIES

SUR

LA NATURE PRIMITIVE

DE L’HOMME




5

PREMIÈRE RÊVERIE

Des misères de l’homme la plus funeste, et celle qui
d’abord paroît la plus inexplicable, est cette dépendance
comme indirecte des choses, qui assujettit celui même
qui veut leur être supérieur, l’asservit sans qu’il connoisse

10

le joug, et le force à consumer sa vie dans un ordre
de choses qu’il n’a point consenti, auquel il n’a cru céder
que pour un jour. Ainsi, entraîné toujours malgré lui à

[20]

faire de sa vie un | usage qu’il n’a pas voulu, l’homme
sentant que jamais il n’a pu se soumettre ainsi volontairement,

15

attribue la prétendue foiblesse de sa volonté à la
séduction des apparences ; et, pour ne pas désespérer de
l’avenir, refuse de s’avouer qu’il n’a été subjugué que par
la force inconnue, mais irrésistible de la nécessité, et que
sa volonté n’a été foible et sans effet, que parce qu’elle

20

avoit pour objet ce qui ne devoit pas arriver……………

[JM 1]

  1. A. – 13-4. l’homme qui sent