Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 1.djvu/37

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pas. Elle est, parce qu’elle étoit ; elle sera, parce qu’elle
est. Éternelle, impérissable, elle compose, absorbe, travaille
sans relâche toutes ses parties, agrégations mobiles
et passagères de substances inaltérables. Ses formes s’engendrent,

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s’effacent, se reproduisent dans une série sans
bornes qui ne sera jamais répétée ; et de toutes choses
toujours nouvelles, se forme leur invariable
universalité.
Il ne peut être de limites pour cette nature universelle ;

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des possibles hors d’elle sont aussi contradictoires
qu’un espace qu’elle ne contienne pas, qu’un tems qui la
précède ou la suive. Tout ce qui est possible, a existé ou
existera ; tout ce qui est, est également nécessaire ; tout
ce qui est, sert également à la composition du grand

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tout.

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Le beau, le vrai, le juste [S 1], le mal, le | désordre,

[JM 1]

  1. Le beau, le juste essentiel sont évidemment fantastiques et
    impossibles. Le mal ne peut exister dans la nature. Pour l’individu,
    qu’est-ce que le mal ? ce qui tend à le détruire : alors cela
    même seroit un bien pour les individus formés de sa destruction.
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    Quel sera le mal dans la nature impérissable, impassible ? Pourquoi
    ce mal existeroit-il ? comment y subsisteroit-il ? Tout ce qui
    est mal, est bien aussi tout ce qui est bien, est mal sous un autre
    rapport ; mais comment le résultat universel, l’ensemble des
    choses, peut-il être bon ou mauvais ? quelle convenance peut
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    être supposée entre tout et rien ? quel rapport entre l’univers et le

    vaille –194. Les formes – 196. répétée ; de toutes – 197-202. l’invariable universalité des choses. Tout – 203. qui existe sert, avec une égale nécessité, à la composition du tout. – Note 4, l. 1-2. Le beau ou le juste essentiel, considéré universellement, est fantastique et impossible : il suppose des rapports, et dès lors il ne peut être conçu que dans des êtres partiels. Le mal ne peut – 3-5. détruire. Quel seroit le mal – 5-6. impérissable ? Tout ce qui – 9. des choses pourroit-il être

  1. A. – Note 4, l. 1-6. – 1-2. phantastiques et absurdes. – 3-5. détruire. Or, cela même est un bien dans un rapport plus général. Quel sera donc le mal – 5-6. De plus, pourquoi subsisterait-il ? La note finit là.