Page:Sénancour - Rêverie sur la nature primitive de l’homme, tome 2.djvu/51

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pour que chacun trouve celle qui lui est propre, il faut
qu’il sache les manier. Sans un peu d’adresse, nous ne
pourrons rien opérer si nous les saisissons au hasard,
nous nous blesserons.
Il y a une étendue de réflexion, une habitude de
prudence, un repos des humeurs, un caractère dans la tête
en quelque sorte, qui substitue une indifférence raisonnée
à l’indifférence primitive, et le calme de la volonté à l’ancien
calme de l’ignorance. On commande aux émotions
sans affoiblir l’ame, sans fermer le cœur ; on ne repousse
point l’impression des objets, mais d’après un coup-d’œil
prompt et sage, on fait un choix dans les manières dont
on peut en être touché, l’on n’admet que celle qui paroît
convenable.
Presque toujours ce qui nous convient le plus est ce
qu’il y a de moins étranger à nos affections ordinaires.
Il faut que chaque homme se rapproche de lui-même ;

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comme il faudroit que tous les | hommes devinssent
presque semblables. Choisissez dans votre caractère et
dans les incidens extérieurs, les manières d’être ému qui
vous paroîtront douces et facilement constantes, vous
serez sur la voie du bonheur. Choisissez pour une nation
les choses les plus simples à la fois et les plus fécondes,
celles qui suffiront presque à tous et qui ne seront trop
fortes pour aucun ; renfermez chaque individu dans cette
limite universellement adoptée : vous aurez établi de
véritables institutions.
Dans notre vie assujétie, défions-nous de l’instinct
d’indépendance naturelle ; nous qui avons tant de science
inutile, gardons-nous d’un grand excès d’ignorance qui
est de croire que ce qui plaît d’abord est bon par cela
même. Souvent des impressions… …la santé parfaite
(Ibid., 7-13) mais elle n’est… …usé quoique modé-