Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/175

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vais eu vis-à-vis de vous le grave tort que vous allez me reprochant ? Avec un ami qui vous manque de parole on rompt immédiatement et on lui dit pourquoi. Tout autre rôle ne pouvait aller à un caractère loyal ; c’est vous dire combien j’ai été peiné et surpris du langage qu’on vous attribue, rapproché des relations que vous avez continué d’entretenir avec moi. »

Cette lettre de reproches peut se résumer comme suit : 1) vous m’avez accusé d’un manque de parole alors que je ne vous avais fait aucune promesse ; 2) vous êtes allé vous plaindre à des tiers quand vous auriez dû venir me demander à moi-même des explications. Vous avez manqué de franchise à l’égard de votre ami.

On possède la réponse de Weustenraad, dont le brouillon a été conservé. Le poète ne relève pas le second reproche, ce qui permet de croire qu’il le reconnaît fondé. Mais il discute longuement le premier, et il paraît bien résulter de ses explications que le ministre s’était rendu coupable envers lui d’un manque de parole, ou peu s’en faut. Ne lui avait-il pas laissé croire, après le refus de Nisard, qu’il serait nommé ? Lui avait-il soufflé mot de ses négociations avec Sainte-Beuve ? En somme, chacun des deux amis avait à se plaindre de l’autre ; et on comprend l’embarras qu’ils éprouvaient tous deux, au dire de Weustenraad, quand ils se trouvaient tête à tête. Au surplus la voici, cette lettre :