Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/176

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« Je viens à l’instant de recevoir votre lettre et je m’empresse d’y répondre. Peu de jours après que je me fusse porté candidat à la chaire de littérature de Liège, vous m’avez fait connaître que votre intention était d’offrir d’abord cette chaire à une célébrité littéraire de la France, et vous m’avez cité le nom de Nisard.

» Je n’ai fait aucune objection à cela. Je ne pouvais songer à me poser en concurrent d’un écrivain aussi éminent et d’un professeur aussi distingué. Je m’inclinai donc devant ce choix. Mais bientôt vous reçûtes la nouvelle du refus de M. Nisard. Vous eûtes la bonté de me la communiquer, et même de me demander : si j’étais maintenant content. Ce furent vos expressions. Je vous répondis que je serais heureux de retourner à Liège et de quitter Bruxelles, dont le séjour est funeste à ma santé. Je vous demandai ensuite : quand pourrai-je être nommé ? Je ne le sais pas encore, me répondîtes-vous, il y a tout un travail à faire, et ce n’est pas aussi facile qu’on le pense. — Je n’insistai pas ; cependant je vous adressai une dernière question, et cette question la voici : Puis-je me préparer ? — Prépare-toi toujours, telle fut votre dernière réponse. Je fis part à Materne[1] de cette conversation et je lui demandai ce qu’il en pensait. Je te regarde

  1. Constant Materne, secrétaire-général aux affaires étrangères, et ami commun de Weustenraad et de Rogier.