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Page:Séverin - Théodore Weustenraad, poète belge, 1914.djvu/177

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comme nommé, me dit Materne, puisque Nisard a définitivement refusé.

» Je pouvais donc, moi aussi, regarder ma nomination comme à peu près certaine. Je m’en réjouis ; je communiquai à deux ou trois de mes amis le résultat de mon entretien avec vous. Ils l’apprécièrent comme moi. Je fus donc vivement surpris, mon ami, et péniblement affecté d’apprendre, trois semaines après, par la bouche de Materne, (tandis que j’étais retenu chez moi par une maladie), que Sainte-Beuve, (dont il n’avait jamais été question entre nous,) allait être nommé à la chaire de littérature vacante par la retraite de Lesbroussart.

» Je n’ai donc pas à vous reprocher un manque de parole ; vous ne m’avez jamais positivement promis la chaire ; mais cependant vous m’avez laissé croire, après le refus de Nisard, que je serais nommé. Je reconnais maintenant que je me suis fait illusion sur la portée de vos paroles, pardonnez-le moi. Vous saviez que je désirais vivement obtenir la chaire ; vous m’aimiez, vous m’estimiez, vous eussiez désiré, à votre tour, m’accorder l’objet de ma demande, et je comprends tout le regret que vous éprouvez de n’avoir pu le faire. Ma candidature vous avait placé dans une situation gênée, et je m’explique très bien les hésitations que j’ai quelquefois remarquées chez vous. Moi-même j’étais gêné et embarrassé vis-à-vis de vous. Tous deux