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NOTES D’UNE FRONDEUSE

une machination dans laquelle je ne tremperai point !

Ceux qui avancent une telle chose ne l’ont pas, comme moi, entendu défendre Boulanger, contre ses détracteurs.

— Oui, avouait-il, mais il n’y a encore que lui pour vous faire arriver !

Et sa voix tremblait d’émotion contenue… on sentait qu’il aimait bien son général !

Ces constatations, cette lumière qui se fait peu à peu, dans mon esprit, me causent un immense soulagement.

Non que j’eusse pu être gênée par la connexité de Mermeix et de l’X*** — le caractère du député du VIIe ayant peu d’affinités avec le mien. Mais il est toujours ennuyeux d’apprendre qu’un homme qu’on a connu, dont on a serré la main, est… ça !

Je suis bien contente que cette surprise douloureuse me soit évitée.

Puis cela me met plus à l’aise pour parler de l’X*** — et j’en ai long à lui dire, à celui-là ! Quel gueux ! Ceux mêmes qui l’emploient, ceux qui bénéficient de ses délations, ceux qui en triomphent, n’en parlent qu’avec une grimace de dégoût. On lui achète sa marchandise, parce que tout est achetable, mais je ne serais pas autrement surprise d’apprendre qu’on la lui paie avec des pincettes.

Qu’on ne s’étonne pas de ma dureté ! Il m’appartient ; son silence me l’a donné, l’X*** tant humilié, tant honni, tant hué depuis une semaine — et qui n’a point répondu ! Il m’appartient comme ces prisonniers veules que les licteurs jugeaient indignes de la hache et qu’on donnait, pour bonnes à tout faire, aux femmes, qui,