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NOTES D’UNE FRONDEUSE

garder la fraîcheur des bouquets. C’est la seconde des trois marches de ce perron fleuri.

On y peut compter les visites du désespéré, pendant toute cette dernière semaine, en suivant la décroissance des roses, car, chaque jour, il apportait sa gerbe.

Celle qui est là, toute radieuse encore, à peine épanouie, fut remplacée, dans ses mains, par l’arme dont il se tua. De ses mains aussi, un peu maladroites cela se devine, plus habituées au fer qu’à la soie, c’est lui qui a attaché après les couronnes, suspendues aux deux flancs du coffret de pierre, ces minces rubans tricolores, dont la pitié et l’amour vont faire des reliques. Il donnait ainsi un peu de patrie à la volontaire et douce exilée — il mêlait ses deux grandes amours !

Tout le monument est en granit, de ce granit qui demeure bleu à l’état fruste et joue le marbre noir lorsqu’il est poli. C’est ainsi que plusieurs ont pu croire, et dire, que l’inscription de la dalle inclinée, et les arabesques des parois verticales de côté, résultaient de mosaïques. La matière première a été simplement soumise à un travail différent, lissée là, piquetée ici. D’où, les différentes nuances.

On sait l’inscription :

MARGUERITE
1855-1891
À bientôt !

Au-dessous de ce bientôt-là, un petit trait qui en dit long ; qui indique nettement que l’addition n’est pas faite, que la série n’est pas close ; que cette mention n’est pas définitive, en son isolement ; qu’elle en attend,