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NOTES D’UNE FRONDEUSE

— Ici, c’était une pièce où madame de Bonnemains recevait son médecin ; là, le logis du valet de chambre ; puis, celui de la femme de chambre ; plus loin, la lingerie ; et, cette dernière porte, l’appartement privé.

— Mais ces deux-là, perpendiculaires, qui ferment le couloir ?

— La première, dans l’angle, c’était le logis de M. Mouton ; la seconde, une salle d’attente pour les visiteurs. Seulement, vous ne voyez que la carcasse, la charpente, pour ainsi dire. Les murailles, ces murailles peintes en vert clair, étaient tendues de soie grenat et il y avait des fleurs dans tous les coins. Madame de Bonnemains aimait tant les fleurs !…

Elle a ouvert l’appartement privé.

Une antichambre qui s’allonge, pas très large, avec une croisée et une porte, à droite, deux portes à gauche.

La plus proche est celle du cabinet de travail du général, avec deux étroites fenêtres à l’anglaise, et le fameux lustre à gaz, en cristal, au-dessus de la table du milieu, contre lequel, un jour, on prétendit qu’il s’était, en se levant trop brusquement, ouvert le front. La pièce est banale, sans rien de particulier.

Très simple aussi, la chambre de madame de Bonnemains qui, sans communiquer, lui fait suite ; avec son alcôve à portes de boiseries, qui la transforment à volonté en boudoir. Il ne reste, de l’ancien ameublement, qu’une assez jolie toilette, le tapis d’un rouge antique, et deux grands fauteuils de velours bleu sombre, à bande de tapisserie, se faisant face de chaque côté du foyer.

— Tenez, madame, elle s’asseyait toujours ici, à gauche, le dos au jour, travaillant sans cesse à ces magnifiques portières au petit point qui sont, maintenant,