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NOTES D’UNE FRONDEUSE

le respect du « cheval » ont la gorge serrée… La mise à prix, de vingt-cinq francs, a sauté à cinq cents.

Mais une joie, soudain. Celui qui couvre chaque enchère est un Français, jeune, élégant, l’aspect cordial et sympathique. Il veut la bête, il l’aura — il l’a !

À dix-neuf cents francs… adjugé !

C’est le vicomte de Bois-Lucy, 5, rue du Marché, à Neuilly, qui est l’acquéreur, et promet que le sort de Jupiter est désormais fixé. Ses compatriotes sont contents, et il reçoit quelques vigoureuses poignées de main.

Ensuite, on vend les voitures : 825 francs, le coupé ; 550 francs, le landau ; 850 francs, la victoria. Tout cela est acquis par le Tattersall de Bruxelles.

Après, c’est le tour des harnais, des livrées, des objets d’écuries. Une garniture de stalle, bien modeste, mais jolie comme tout, en paille tressée de galons de laine tricolores, est adjugée cinq francs à un assistant qui semble un Parisien, et doit avoir des raisons personnelles d’y tenir.

Encore quelques objets, et c’est fini — pour aujourd’hui. Demain, les meubles ; vendredi et samedi les livres, tableaux, dessins, objets d’art.

Seuls, les épées, les fanions, les drapeaux, tout ce qui était particulier à la carrière militaire du général, a été soustrait par Me Fontana, notaire de la famille, à la curiosité publique. C’est une preuve de grand tact, dont on lui sait gré.

Cette première vacation a produit 11,406 francs ; l’expertise n’avait compté que sur 8,000 francs. Puisse cette différence se maintenir et même augmenter ! Elle en a besoin, la mère du « concussionnaire », la pauvre