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NOTES D’UNE FRONDEUSE

de manchettes formés de pièces d’or à l’effigie de Saint-Georges et s’ouvrant comme des médaillons, 140 francs ; l’épingle en étoile, brillants, rubis et saphirs, chiffrés d’un 13 au centre, 100 francs ; trois perles fines pour plastron de chemise, 180 francs, etc.

Un camelot de Bruxelles s’est offert, en mémoire de celui qui fut vraiment le bienfaiteur de la corporation, un magnifique fume-cigare d’ambre cerclé d’or, vierge d’usage. Il a sorti de sa poche, pour cela, 105 beaux francs. « Toute ma fortune, a-t-il dit… mais je ne la regrette pas ! » Et il se promène depuis tantôt, fier et glorieux comme Artaban, son brûle-gueule au bec !

M. Paul Lenglé a fait, lui, un achat bien énigmatique : un étui à londrès en maroquin noir, orné d’une applique d’or — Saint-Georges, évidemment ! Il a payé 65 francs ce bibelot tout battant neuf, dont jamais on ne s’est servi ; et qui a, aujourd’hui, très certainement, fait connaissance avec le tabac, pour la première fois. Mais le bizarre de l’affaire, c’est qu’au verso, dans un angle, se détache ce rébus : trois petites fleurs de lis d’or surmontées d’une couronne royale. Les trois fleurs sont là pour figurer les trois étoiles, je comprends bien ; seulement, la couronne me chiffonne ! Ceci est sûrement l’hommage — l’hommage dédaigné — d’une grande dame, d’une très grande dame, dirait Buridan !

Mais quelle naïveté que croire le général capable de travailler pour un autre ! Il n’en avait ni la volonté… ni le pouvoir !

Pas grand’chose à remarquer dans les céramiques. Une buire et son plateau fond bleu, à décors de fleurs et d’oiseaux, 100 francs ; deux jardinières sur socles