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PANAMA

L’INDULGENCE


Pour quelqu’un

Le ciel me garde, monsieur, d’ajouter une peine à toutes celles qui vous accablent ; et c’est pourquoi je n’écris pas votre nom, si traîné sur la claie en ces derniers jours.

Vous vous reconnaîtrez ; d’autres aussi. Mais n’ayez crainte, et que, de nulle angoisse, votre douleur ne tressaille à mon approche. Je ne suis pas la mégère qui s’en vient donner le coup de grâce aux blessés ; je ne suis pas la Thénardier qui dégrade les chefs vaincus… et quand je descends, lampe en main, vers l’ombre des géhennes, c’est pour verser la pitié, comme un baume, sur les plaies que d’autres ont faites.

Bien rarement, j’ai passé, inexorable ; plus rarement encore, j’ai ajouté ma pierre aux communes lapidations. C’est qu’alors le forfait avait été si vil, si infâme, si attentatoire à l’humanité — enfants suppliciés, faibles meurtris, déments torturés — que nulle excuse, voilée