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NOTES D’UNE FRONDEUSE

de deuil comme une suppliante, n’étendait les bras entre le crime et le châtiment.

Ce n’est point votre cas. Vous êtes d’un parti que je hais : les Pharisiens de la démocratie ! Mais il serait contre toute justice de ne pas reconnaître que, présentement, vous subissez la peine moins de vos fautes, que des fautes voisines ; que si votre nom vous écrase, ce n’est pas du poids de vos seules erreurs.

Et vous souffrez. On verse à votre foyer des larmes amères ; et point n’est besoin d’écouter aux portes pour entendre les cris de désespoir. Même la paix du tombeau y est ignorée… et certain matin de l’autre semaine, j’ai songé à celles qui vous sont chères, et qui ont dû vraiment agoniser, ce matin-là !

Attendez : ce n’est point fini ! Vous tenez, par le sang, par l’alliance, aux corrupteurs — presque le bon côté ! Jamais les corrompus, ni ceux à qui l’occasion a manqué pour l’être, ne vous pardonneront sincèrement la catastrophe familiale qui les a perdus ou a risqué de les perdre. Complice, peut-être les sauviez-vous ! Victime, vous devenez l’ennemi !

Quant aux « vertueux », ils s’apitoient… et se réjouissent ! Vous étiez la concurrence : si jeune, tôt parvenu, opulent ; ayant déjà voix autorisée dans les conseils de l’État ; ministre de demain — et de toujours !

Personnellement, je ne vois pas en quoi votre situation, vos capacités, se trouvent amoindries par les récents événements. Tel vous étiez, tel vous êtes ; un peu moins riche, ce qui n’en vaut que mieux !

Mais je suis de l’école de « chacun selon ses œuvres » ; du fils, irresponsable de la gloire ou de la honte des aïeux… et je ne crois pas au péché originel ! Vos amis la