Page:Séverine - Notes d'une frondeuse, 1894.djvu/265

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prônent aussi, cette doctrine, fille des immortels principes — seulement ils ne la pratiquent pas !

Et vous-même…

Tenez, monsieur, je ne fais pas ici d’hypocrisie ; je ne viens pas, sous prétexte de vous plaindre, aviver vos douleurs. Je m’en serais simplement tenue à l’écart ; si elles ne comportaient une leçon si haute, un enseignement si magnifique, que je ne les puis passer sous silence.

Vous souvient-il, monsieur, de ce pauvre homme qui repose doucement, loin des agitations stériles, à Ixelles, en Brabant, près de sa bonne amie ? Il fut un agitateur de mince envergure : soldat de fortune grisé à la première rasade que lui versa la fortune ; cerveau secondaire, âme indécise, cœur vaillant…

Il avait rêvé de rouler les politiciens ; de prendre l’argent des royalistes sans leur rien donner en échange ; de reprendre Metz et Strasbourg aux Allemands — avec Berlin en plus, si le vent y était !

Les politiciens le roulèrent ; les orléanistes, qui ne badinent pas quant au doit et avoir, se remboursèrent sur son honneur, en patronnant les Coulisses… et quelques maisons, vers la Sprée, illuminèrent, quand on apprit la mort du général « Revanche ».

Sa revanche, hélas, la voici ; posthume et plus cruelle qu’on ne l’eût pu imaginer. Et parce qu’il n’est plus là pour y assister, parce que toute menace de sa part est envolée, j’en puis parler à l’aise.

On le combattit, c’est naturel — il avait la nation derrière lui ! Puis, il faut bien le dire, ses allures étaient de telle sorte ; ses alliances d’aspect si fâcheux ; son en-