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LE SALUT


À M. Ranc.

Il y a trois jours, monsieur, vous jetiez, dans le Matin, un cri d’alarme, devant le flux sans reflux de ce mouvement d’opinion qui vous effraient qui nous effare ; devant cet élan d’un pays vers un homme ; devant ce spectre d’une dictature dont, nous autres socialistes, nous avons autant que vous, ô jacobins, l’angoissante terreur.

Et comme tous ceux qui ont failli être Brutus, de 1850 à 1860, vous criez de toutes vos forces : « À bas César ! »

À bas César ! soit. Je me rappelle avoir entendu ce cri-là, par une soirée pluvieuse, sur les hauteurs de Charonne, dans une petite rue noire qui s’appelle la rue Saint-Blaise. Il y a tout juste de cela sept ans comptés — et ce n’était ni vous, ni les vôtres, qui vous égosilliez à le proférer,

Il en reste pas mal, des « esclaves ivres » de ce temps ; ils ont même fait des petits, au fond de leurs « re-