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NOTES D’UNE FRONDEUSE

convaincu, le pauvre, qu’on vous avait tous fait disparaître dans quelque trou de basse-fosse.

— On ne les a pas emmenés place Beauvau, au moins ! répétait-il, presque avec des larmes dans le gosier.

Cher bonhomme !

Ce bonhomme-là, c’est l’électeur, crédule et tendre, même s’il a de grosses pattes, même s’il a une grosse voix !

Et ce n’est pas pour ses beaux yeux que les élus vont lâcher fromage, sinécure, profits petits et grands. Ils sont prêts aux pires épreuves ; sauf à celle-là ! Rendre l’argent ! Rendre la fonction ! Ils se feraient plutôt souder à leur siège, visser à leur banc !

Et voilà pourquoi, en connaissance de cause, vous avez émis, député de Bretagne, un des paradoxes les plus folâtres qu’aient jamais enregistrés les annales parlementaires.

Se soumettre ? Tout le temps ! Se démettre ? Jamais !

Soit. Les temps sont proches…