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PANAMA

EN FUITE…


L’attrapera ! L’attrapera pas ! — cet Arton vers qui la police, toujours prévenante, a délégué « deux de ses plus fins limiers ».

Par amour de l’art, je souhaiterais la négative, et qu’il leur détalât d’entre les pattes, plutôt que d’y tomber.

À quoi servira son arrestation ? Que prouvera-t-elle ? On sait comment les gouvernements procèdent, d’ordinaire, vis-à-vis de qui les menace, si manque d’égards, de fâcheuses indiscrétions.

On dépêche au fugitif, non pas des agents de la Sûreté, mais quelque belle fripouille du service politique, chargée de gagner sa confiance, de s’introduire dans son intimité… et de lui chiper son talisman défensif, c’est-à-dire ses papiers ! Une fois le coup fait, la justice a le champ libre ; peut exercer, en toute sécurité, en toute sérénité, sa moralisatrice action.

Elle abat sa poigne vengeresse sur le coupable ; lui fait honte de sa conduite ; l’offre en holocauste aux dieux irrités. C’est de lui : ce pelé, ce tondu, que