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NOTES D’UNE FRONDEUSE

sacre… ou, plus modernement, celui qui, nimbé de popularité, revint de la revue en triomphe, voici cinq ans ? On ne saurait le dire !

Même doute, quant au reste. Est-ce l’habit du Tiers-État ; la redingote des brigands de la Loire ; la houppelande du vieux Blanqui ; la guérite à Déroulède ?

Tous l’ignorent — pas plus qu’on ne devine s’il s’arrête net en manteau de bal, ou s’il continue en manteau de cour, le pan d’étoffe attaché aux épaules : peplum, peut-être ; peut-être cape de diacre ou de condottiere…

Enfin, qui est-il ? Est-ce un soldat, un lévite, un histrion ? Est-ce un tribun, est-ce un roi ? Est-ce le représentant symbolique d’une idée sans chef ?

Personne ne peut répondre. Au-dessous, cette inscription énigmatique : Monsieur Demain !…

Comment ne point songer à ce dessin, à sa légende, en entendant les Pharisiens triomphants de la dernière alerte établir leur actuel bilan ?

Écoutez-les plutôt, ces édiles, ces consuls, ces scribes, tous les vainqueurs de Catilina ! À quoi s’occupent-ils, par ces temps de troubles ? Quel soin emplit le forum ? Si les vieux argutient sur le cas de Verrès — blâmant, en leur hypocrisie, qu’on ait dévoilé ses turpitudes — les jeunes remontent-ils vers la source du mal ; se disposent-ils à plonger le fer rouge dans la plaie ; s’inquiètent-ils de donner satisfaction à la plèbe, dont les hurlements de louve montent vers les dieux ?

Jamais ! Ce serait mal les connaître, que les croire prêts aux mea culpâ justiciers, aux renoncements vengeurs, aux élans des conversions soudaines… et,