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NOTES D’UNE FRONDEUSE

Pour se procurer des arguments, soit devant le Conseil d’enquête, soit devant la Chambre, les Postes et Télégraphes ont rétabli le cabinet noir, volé des lettres, retenu des dépêches — disons que c’est une infamie !

Pour combattre une candidature que nous combattons, nous aussi, mais loyalement, les Fonds secrets ont stipendié la presse reptilienne, acheté des journaux, acquis des consciences — disons que c’est une infamie !

C’est notre rôle, rôle plein de grandeur et que le peuple seul peut jouer, de dire la vérité tout entière, sans restrictions, sans détours. C’est s’élever que reconnaître la taille de l’adversaire… et malheur à ceux qui ne sentent point la suprême force de la justice !

Dans ces faits à flétrir il est, je l’ai dit, la menace pour nous.

C’est qu’en effet, jamais mesure n’a été prise contre tel ou tel personnage sans qu’elle ne s’abattît ensuite, plus pesante, sur des fronts obscurs.

Le vol simulé par un agent contre celui-ci, est frère de la bombe déposée par un agent en perquisitions chez celui-là. Le Cabinet noir rétabli, ce sont les lettres de Kropotkine violées comme les missives de Boulanger. La Presse vendue, c’est la vie de n’importe quel socialiste traînée dans l’ordure tout comme l’existence d’un général.

Défendons notre sécurité, défendons nos secrets, défendons notre honneur !

J’ai été à l’école d’un homme qui disait : « Les députés qui votaient l’article 7 votaient en même temps l’expulsion de Lawroff. Toute loi ou tout acte réactionnaire a son ricochet contre nous. »

Méditez cela, vous qui applaudissez !…