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NOTES D’UNE FRONDEUSE

J’ignore quel est le grand homme qui les a procréées — ce devait être quelqu’un de très « conséquent », puisque le gouvernement lui faisait des commandes. Mais, profane, je résumerai d’un mot mon opinion sur ses œuvres : c’est de la sculpture d’architecte !

Quant à la grande tapisserie qui fait pendule entre le flambeau de la Loi et la torche de la Force, c’est tout ce qu’il y a de plus moderne, siècle de la vapeur et de l’électricité, ère du téléphone, érection de la tour Eiffel !

Le sujet ?… L’École d’Athènes ! Des sages de la Grèce, en robe bleue ou jaune, qui, sans chaussettes, discourent de la dernière conférence de Périclès ou de la dernière frasque d’Alcibiade.

Voilà qui est de notre temps !

Puis, plus rien, dans cette salle. Des panneaux verts qui, auprès des rouges banquettes, offrent un contraste à faire glapir les chiens — si les chiens, malins, ne se contentaient pas de déposer extérieurement leur opinion sur le Parlement.

Un tapis criard, le public qui bâille, trois horloges qui jabotent… et c’est tout.

Mais un roulement s’élève au loin, comme si la France faisait tambouriner et réclamer, de par les carrefours de Paris, ses droits perdus.

M. le président ! module l’annoncier,

— Oh ! voyez la belle prestance ! Quelle grande allure, jacasse une vieille dame à mes côtés.

Je la regarde, effarée,

Elle se penche vers moi :

— C’est bien M. Méline, n’est-ce pas, là, le premier, si distingué ?

— Non, madame, c’est l’huissier.

Un afflux de bonshommes en redingote ou en veston,