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NOTES D’UNE FRONDEUSE

et rien qu’un journaliste consciencieux — le plus noble emploi qui soit au monde !

Ce sera la peine d’avoir, non pas refusé, mais dédaigné les décorations ; d’avoir vu fleurir autour de soi les boutonnières, du haut en bas de sa propre maison, et gardé la sienne nette, en sa logique républicaine, pour être mis en croix au bénéfice de farceurs dont on essaiera en vain de faire le salut !

Ecce homo ! Oh ! pauvre, pauvre Vacquerie ! La candidature, c’est la fin de tout ! C’est la malignité publique entrant dans la vie privée ; c’est le repos aboli ; ce sont les chères créatures qui sont votre cœur atteintes souvent par ricochet — ce sont les larmes dans la maison !

Je sais bien comment ils émeuvent votre âme de vieux lutteur, et par quoi ils auront peut-être raison de vos résistances.

Ils invoquent, comme je l’ai dit précédemment, le bien de la République.

Le bien de la République !… Hé ! qu’a-t-il à voir avec ces gens-là ?

Est-ce que chaque ministère qui dégringole ne piaule pas, à qui mieux mieux, en frottant ses bosses, en grattant ses bleus, que du fait de sa chute, le sort de la patrie est compromis ?

La Patrie et la République sont bien au-dessus de ces querelles, bien au delà de ces misères.

C’est parce que je les aime, que j’ai tant de rancune contre ceux qui en détachent le peuple. C’est parce que nous les aimons que je vous parle, mon cher monsieur Vacquerie, comme je le fais aujourd’hui.