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LA LIGUE DES PATRIOTES


6 janvier 1888.

Nous sommes à la fenêtre d’entresol qui forme l’angle de la rue Pernelle et du boulevard Sébastopol. Voilà des heures et des heures que l’on attend le dernier cortège de celui qui fut l’âme de la résistance contre l’Allemagne ; du fils du petit épicier de Cahors ; du tribun jadis populaire… et qui ne sera suivi cependant, aujourd’hui, que par les états-majors en redingote de parlementaire ou en uniforme de soldat.

L’amitié de la foule s’était retirée de lui ; l’ingérence privée n’a donc rien à voir dans ces obsèques administratives, faites aux frais de l’État, sous le patronage de l’État, avec le matériel de l’État, avec le personnel de l’État — pleureuses et comparses habituels de chaque grand deuil gouvernemental !

On y verra des ministres et des députés, des édiles et des magistrats, des présidents et des préfets, des maires et des substituts. On y verra des généraux, on