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AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.

vons encore si nous fuirons les états, ou si nous les affronterons. Ce qui est certain, ma bonne, et dont je crois que vous ne douterez pas, c’est que nous sommes bien loin d’oublier cette pauvre exilée. Hélas ! qu’elle nous est chère et précieuse. Nous en parlons très-souvent ; mais quoique j’en parle beaucoup, j’y pense encore mille fois davantage, et jour et nuit, et ou me promenant (car on a toujours quelques heures), et quand il semble que je n’y pense plus, et toujours, et a toute heure, et à tous propos, et en parlant d’autres choses, et enfin comme on devrait penser à Dieu, si l’on étoit véritablement touchée de son amour. J’y pense d’autant plus que très-souvent je ne veux pas parler de vous. Il y a des excès qu’il faut corriger, et pour être polie, et pour être politique ; il me souvient encore comme il faut vivre pour n’être pas pesante : je me sers de mes vieilles leçons.

faires ; nous ne savons encore si nous fuirons les états, ou si nous les affronterons. Ce qui est certain, et dont je crois que vous ne douterez pas, c’est que nous sommes bien loin de vous oublier :

nous en parlons très-souvent ; mais quoique j’en parle beaucoup, j’y pense encore davantage, et jour et nuit,

et quand il semble que je n’y pense plus,

et enfin comme on devroit penser à Dieu si on étoit véritablement touché de son amour. J’y pense, en un mot, d’autant plus que très—souvent je ne veux pas parler de vous. Il y a des excès qu’il faut corriger, et pour être polie, et pour être politique ; iI me souvient encore comme il faut vivre pour n’être pas pesante : je me sers de mes vieilles leçons.

....Quand il (mon fils) sera parti, nous reprendrons quelque belle morale de ce M. Nicole. Il s’en va dans quinze jours à son devoir. Je vous assure que la Bretagne ne lui a point déplu.

J’ai écrit à la petite Deville pour savoir comme vous ferez pour vous faire saigner. Parlez—moi au long de votre santé et de tout ce que vous voudrez. Vos lettres me plaisent au dernier point : pourtant, ma petite, ne vous incommodez point pour m’écrire ; car votre santé va toujours devant toutes choses.

Nous admirons, l’abbé et moi, la bonté de votre tête sur les affaires ; nous croyons voir que vous serez la restauratrice de cette maison de Grignan : les un gâtent, les autres

....Quand il sera parti, nous reprendrons quelque belle morale de Nicole ;